La plasticienne Karine Gabon présente une vingtaine de portraits qui tissent la mémoire collective autour de personnalités qui ont œuvré pour la Guadeloupe.
Par Cécilia Larney
Dans des domaines aussi divers que le sport, la politique, la littérature, la défense des droits des communautés…, l’exposition Portraits de lumière, de Karine Gabon sortent de l’oubli – ou de l’indifférence – des hommes et des femmes qui ont contribué à faire rayonner la Guadeloupe. Certains ne sont plus de son monde, mais leurs actions et leurs pensées demeurent. Et, c’est là, l’essentiel.
Auparavant, au collège au collège Front de mer (Pointe-à-Pitre), Karine Gabon avait présenté des portraits de personnalités des Amériques noires. « Il y a un grand déficit dans la connaissance ou la reconnaissance des personnalités de Guadeloupe qui nous représentent et qui ont construit notre histoire collective, qui a à peine deux siècles, constate Karine Gabon. Certains, comme Sonny Rupaire, sont totalement méconnus des collégiens ou lycéens. Ce travail gigantesque est ma pierre à l’édifice de la représentation de nos personnalités. »
À la recherche d’une esthétique caribéenne
En avril, suite au décès de la romancière guadeloupéenne, Maryse Condé, l’un des portraits extrait de cette série, avait été mis à l’honneur. Karine Gabon expose une vingtaine de pièces qui racontent chacune une histoire de la Guadeloupe. Une contribution qui permet aussi à Karine Gabon d’évoluer dans son art en recherchant une esthétique caribéenne.
« La question se posait déjà dans les années 1980/1990, notamment avec le groupe Indigo, mais aussi le travail de Michel Rovélas… J’ai opté pour des techniques qui sont différentes de ce que je faisais auparavant avec des peintures-dessins qui résultent d’une mixité de techniques entre la peinture, le dessin, le feutre. Dans cette série de portraits, j’impose un peu plus cette écriture que je suis en train de développer. Je ne cherche pas à représenter les visages de façon photographique : je tends à saisir l’essence de la personne représentée, ce qui l’anime, son histoire, la base civilisationnelle qui l’a inspirée pour qu’elle rayonne. Les portraits ont la caractéristique d’être un peu fragmentés. On a l’impression de voir des ilots de couleur qui se juxtaposent pour constituer un visage cohérent, reconnaissable et très lumineux ! »
Aller vers le public dans les communes
Parmi les « Portraits lumière » présentés, on retrouvera Guy Tirolien, Henry Sidambarom, Lucette Michaux-Chevry, Teddy Riner, Simone Schwarz-Bart, Marie-José Pérec, Véronique de la Cruz, Jean-Pierre Sainton, Michel Rovélas, Rudy Benjamin…
Corollaire de la nouvelle orientation artistique engagée par Karine Gabon, ses portraits ont vocation à croiser le regard du grand public, enfants, adultes, dans des lieux publics, établissements scolaires…, « pour qu’ils s’imprègnent mieux de certains fondamentaux, précise Karine Gabon. J’ai envie d’exposer dans des lieux proches du public, pour amener l’art vers le public, vers ceux qui ne vont pas forcément au musée ou dans des lieux considérés comme élitistes. »
Capesterre Belle-Eau, hôtel de ville. Jusqu’au 5 juillet. Tél. 05 90 38 98 98 – 06 90 72 02 58.